Qu’est-ce qui fait la différence entre une association dynamique et une autre qui fait du surplace? Quelle est la recette gagnante pour qu’une activité rencontre le succès? Quelle approche un conseil d’administration doit-il suivre pour être efficace? Comme on peut le constater, le leadership communautaire n’est pas qu’un simple passe-temps à prendre à la légère. 

Pour ne pas perdre son temps et gaspiller celui des autres, des réponses doivent-être données aux questions touchant aux méthodes éprouvées pour améliorer le rendement des organismes. C’est pourquoi des francophones de London ont récemment suivi une formation à cet effet offerte par l’Union provinciale des minorités raciales et ethnoculturelles francophones de l’Ontario (UPMREF).

Tenu dans les locaux de l’ACFO le 16 août dernier, l’atelier fut animé par Ethel Côté, une spécialiste du milieu communautaire cumulant 30 ans d’expérience. C’est par un tour de table que la dizaine de participants ont entamé leur journée de formation, se présentant à tour de rôle. Tous, impliqués dans la communauté de diverses façons, étaient issus de minorités culturelles. Être immigrant et se trouver en situation minoritaire au plan de la langue représente en effet un défi multiforme que l’on relève parfois mieux à plusieurs. Cependant, cela ne se fait pas en claquant des doigts. Le président de l’UPMREF, Eddy Lukuna, évoque les problèmes qui se posent pour les immigrants lorsqu’ils souhaitent s’organiser : « Ça dépend à quel niveau : local, municipal, régional… Les problèmes se posent différemment. Au niveau local, les gens se connaissent mieux et c’est plus facile pour eux de canaliser leur énergie. C’est plus complexe au niveau régional ou provincial parce qu’il y a une plus grande diversité parmi les immigrants. »

Des obstacles d’ordre logistique, notamment la taille du territoire et la dispersion des gens concernés, compliquent d’autant plus les choses. Un atelier tel que celui prodigué par Ethel Côté peut cependant permettre d’aplanir certaines de ces difficultés. Comme l’explique Léon Kahénga, représentant de l’UPMREF pour la région de London et membre du conseil d’administration : « Les plus grands bénéfices sont, d’une part, de permettre aux leaders d’avoir une connaissance des groupes communautaires afin de bien gérer leur groupe et, d’autre part, d’acquérir des compétences dans l’élaboration de projets et l’obtention de financement pour résoudre les problèmes de la communauté. »

Abordant les thèmes du financement, de l’évaluation de projets, du leadership communautaire et de la gouvernance des organismes multiculturels, l’atelier a duré toute une journée et comprenait un volet magistral et des exercices. Les participants ont examiné dans le détail les rouages d’un conseil d’administration, la documentation à produire, l’éthique, l’autofinancement, les rapports entre les administrateurs, la direction et les bénévoles, etc.

Parmi les problèmes les plus fréquents rencontrés par les organismes, selon Mme Côté, se trouvent la mauvaise gestion du recrutement et de la rétention des bénévoles, qui est davantage une question de gouvernance déficiente que de mauvaise volonté. Tous ceux impliqués dans la vie d’un organisme devraient également se parler davantage et faire le point sur ce qui fonctionne et sur ce qui va mal. Qui plus est, lorsque vient le temps d’inciter les gens à faire du bénévolat, il faut éviter de mendier leur participation en leur faisant croire que celle-ci sera tout au plus symbolique : « On fait l’erreur de recruter les gens sur le peu de temps qu’ils auront à consacrer à l’organisme, dit Ethel Côté, et non pas sur le bien-fondé de la cause. » Cependant, au-delà d’une saine administration et d’une promotion efficace, c’est bien plus la pertinence d’un organisme qui assurera sa popularité et sa longévité : « Lorsqu’il y a un vrai besoin dans la communauté, les gens se rassemblent. »

Si c’est le cas, l’UPMREF a de beaux jours devant elle car ce n’est pas le travail qui manque pour aider les immigrants en ce qui touche à l’employabilité, la langue française, l’adaptation, etc. Mais, comme le résume Eddy Lukuna, l’union fait la force : « Seul, on ne peut trouver une solution. Cependant, quand on se regroupe, on devient une masse critique qui se fait écouter. »

Photo : L’atelier interactif, animé par Ethel Côté, a réuni une dizaine de participants.