Il y a une lueur d’espoir pour les papillons monarques.

Le nombre de papillons qui passent l’hiver sur la côte centrale de la Californie prend du mieux après que la population, dont la présence témoigne souvent de la santé de l’écosystème, ait touché le fond du baril l’an dernier.

Des experts attribuent le déclin aux changements climatiques, à la destruction de l’habitat et à une pénurie de nourriture causée par la sécheresse.

Le recensement annuel effectué chaque hiver par la Société Xerces n’avait compté que 2000 papillons l’an dernier, un effondrement catastrophique par rapport aux millions vus au cours des dernières années et aux millions qui se regroupaient dans les arbres entre le comté de Mendocino, dans le nord de la Californie, et la Basse-Californie, au Mexique, dans les années 1980. Leurs perchoirs se concentrent maintenant le long de la côte centrale de la Californie.

Le recensement de cette année a débuté samedi 13 novembre et durera trois semaines, mais on a déjà compté quelque 50 000 papillons, a dit la responsable des espèces menacées pour la Société Xerces, Sarina Jepsen.

« On ne parle certainement pas d’un rétablissement, mais nous sommes très optimistes et très heureux que les monarques soient là et ça nous donne un peu de temps pour travailler au rétablissement du monarque de l’Ouest », a dit Mme Jepsen.

Les monarques de l’Ouest partent de la région du Pacific Northwest et se rendent en Californie chaque année. Ils reviennent aux mêmes endroits, et même aux mêmes arbres où ils s’agglutinent pour rester au chaud. Ils arrivent normalement en Californie au début du mois de novembre et se propagent au reste du pays quand la température commence à se réchauffer en mars.

Les monarques fréquentent une centaine de sites d’hivernage le long de la côte californienne. Un des endroits les plus connus est le Monarch Grove Sanctuary, qui appartient à la ville de Pacific Grove et où aucun monarque ne s’est présenté l’an dernier.

La ville, qui se trouve à environ 115 km au sud de San Francisco, tente depuis plusieurs années de combattre le déclin de la population de monarques. Connue sous le nom de Butterfly Town, USA, la ville célèbre le papillon orange et noir avec une parade chaque octobre. Nuire à un monarque est passible d’une amende de 1000 $ US.

« Je ne me souviens pas d’une année aussi mauvaise et je pensais que c’en était fini, qu’ils étaient partis et qu’ils ne reviendraient jamais. Mais non, cette année, ils sont là », a dit Moe Ammar, le président de la Chambre de commerce de Pacific Grove.

Un décompte préliminaire témoigne de la présence de 13 000 monarques au site du comté de Monterey. Les papillons s’attroupent dans les pins, les eucalyptus et les cyprès, donnant espoir aux visiteurs et aux bénévoles qu’ils puissent se remettre.

Les scientifiques ne comprennent pas pourquoi la population a rebondi cette année, mais Mme Jepsen croit que cela est attribuable à plusieurs facteurs, dont de meilleures conditions dans les sites de reproduction.

« La population peut avoir été influencée par des facteurs climatiques. Il y a peut-être eu des monarques qui sont arrivés de l’est des États-Unis, ce qui se produit à l’occasion, mais on ne sait pas vraiment pourquoi la population est ce qu’elle est cette année », a-t-elle dit.

Les monarques de l’Est partis du sud du Canada et du nord-est des États-Unis parcourent des milliers de kilomètres pour passer l’hiver dans le centre du Mexique. Les chercheurs calculent que la population de monarques dans l’est des États-Unis a plongé d’environ 80 % depuis les années 1990, mais l’effondrement dans l’ouest du pays a été encore plus dramatique.

La population de monarques de l’Ouest a chuté de plus de 99 % par rapport aux millions qui passaient l’hiver en Californie dans les années 1980, en raison de la destruction des asclépiades qui constituent leur habitat le long de leur trajet migratoire. Cette situation est attribuée à l’empiétement des zones résidentielles et à une hausse de l’utilisation des herbicides et des pesticides.

Les chercheurs soulignent aussi l’impact des changements climatiques, qui interfèrent avec un trajet migratoire de plus de 4800 km synchronisé avec le printemps et l’éclosion des fleurs sauvages.

« La Californie est en sécheresse depuis plusieurs années, et ils ont besoin de nectar pour se nourrir et être actifs et survivre, a dit Stephanie Turcotte Edenholm, du Musée d’histoire naturelle de Pacific Grove. S’il n’y a pas de sources de nectar et qu’il n’y a pas d’eau, ça devient un problème. »

L’habitat des monarques n’est pas protégé par la loi fédérale ou régionale. On envisage maintenant d’abriter les insectes sous la loi fédérale sur les espèces menacées.

 

SOURCE – Haven Daley et Olga R. Rodriguez, The Associated Press