Nous vivons une vie triviale et calme chaque jour et, parfois, nous avons l’impression qu’elle est trop passive. Nous ne faisons pas de choses significatives, nous ne changeons pas. Mais est-ce une mauvaise vie?

« Je n’avais pas le choix. Je n’avais qu’un instinct de survie. Et il m’a dit : cours », raconte Olga Mazurina, une Ukrainienne qui est arrivée au Canada avec sa famille il y a deux mois. Elle vivait à Marioupol avant la guerre, était mariée et avait un fils de 8 ans. Son mari étant marin, elle a beaucoup voyagé, mais jamais pour une longue période. Contrairement à son époux, elle ne pouvait pas rester longtemps dans un autre pays.

« Je voulais toujours revenir, c’est la ville où je suis née, où j’ai rencontré mon conjoint et créé ma propre famille. Les autres villes ne me plaisaient pas », dit-elle.

En janvier dernier, elle a acheté un appartement près de la mer. Olga Mazurina en rêvait depuis toujours.

Mais un jour, sa vie a changé à jamais. Quand les Russes sont entrés dans sa ville, elle a réalisé qu’elle devait partir. « J’ai pris beaucoup de temps à me décider. Quand ma sœur est allée en Bulgarie, nous avons fait nos bagages et nous sommes allés vers l’inconnu », explique-t-elle, avec des larmes dans les yeux.

Cette décision a été une des plus difficiles de sa vie car elle a détruit sa famille. Ses parents et ceux de son mari sont restés à Marioupol et ont choisi de collaborer avec l’ennemi.

« Je ne parle à mes parents que dans de rares occasions. Je n’ai rien à dire; ils ont choisi un autre côté. Les parents de mon mari ont fait le même choix. Mon fils ne les considérera jamais comme ses grands-parents », ajoute Mme Mazurina.

Après la Bulgarie, ils ont vécu en Allemagne dans un camp pour réfugiés. Là, ils ont décidé qu’ils devaient partir ailleurs où personne ne les connaissait. « Nous avons choisi le Canada parce qu’ici nous pouvons assurer un bon avenir à notre fils. Je parle anglais, mais pas mon mari. Cela demande beaucoup d’efforts », assure-t-elle.

Son fils apprend le français et l’anglais à l’école. C’est une des raisons pour lesquelles ils ont choisi de vivre à London.

« London est une ville multiculturelle. Il y a beaucoup d’Ukrainiens qui peuvent nous aider. Un des travailleurs du centre ukrainien local nous a recommandé d’apprendre le français, une des langues officielles du Canada », dit-elle.

À l’heure actuelle, le couple travaille pour gagner sa vie et veut s’établir à London.

« Nous ne pouvons qu’espérer que tout ira bien, mais nous ne prévoyons pas retourner en Ukraine. Notre vie est ici maintenant. Nous avons fait trop d’efforts et de sacrifices pour y arriver », conclut Mme Mazurina.

Photo : Olga Mazurina et son fils (Photo : courtoisie)